Fort Chipewyan (AB) à Peace River (AB) / 18 août - 1 octobre 2016
Jeudi le 18 août au samedi 1 octobre 2016
Après une très longue attente, nous avons finalement reçu notre premier paquet le 18 août au bureau de poste de Fort Chipewyan. Le lendemain, un deuxième paquet est arrivé (non sans avoir fait des pressions auprès de Poste Canada et avoir passé de longues heures au téléphone). Le troisième et dernier paquet est malheureusement retourné au Québec. Durant l’attente des derniers jours à Fort Chipewyan, nous avons passé du temps avec Derek. Nous avons partagé nos repas ensemble et l’avons aidé dans son projet de construction d’un cabanon. Nous avons aussi passé la soirée chez Daniel (originaire du Nouveau-Brunswick) et sa conjointe Clara (qui nous ont d’ailleurs invités à aller déjeuner avec eux le lendemain). Ce n’est donc que le lundi 22 août que nous avons quitté la petite et charmante communauté de moins de 1000 habitants qui jadis fut un poste de traite de fourrure très important. Avant notre départ, un dernier au revoir à notre ami Derek sur la plage du parc.
Nous avons emprunté la rivière Quatre Fourches à la sortie du Lac Athabasca. Nous avons vu plusieurs aigles à tête blanche en chemin et au fur et à mesure que nous nous rapprochions de la rivière de la Paix, nous sentions des papillons envahir notre estomac. Nous avions beaucoup d’appréhensions au sujet de cette rivière. Tant de gens nous ont dit qu’il nous seraient impossible la pagayer à contre courant, que le courant serait trop fort.
Nos premières impressions de la rivière de la Paix ont été fortes. La rivière était large à l’endroit où nous sommes arrivés, le courant était effectivement fort et l’eau très sédimenteuse. On ne voyait pas du tout nos pagaies. Notre premier arrêt pour la nuit fût sur un petit coin de sable sur une île. L’accès était en boue. Cela nous a rappelé la rivière Saskatchewan Nord.
La seconde journée, nous avons emprunté un passage derrière des îles. Selon les cartes et le GPS, il n’y avait pas de problème à s’y introduire. Hors, il manquait d’eau et nous avons dû rebrousser chemin. Deux heures de perdues … perdues oui et non, car cette escapade nous a permis de voir un loup de près. Il ne semblait pas avoir peur et se rapprochait tranquillement. Je crois que j’étais beaucoup plus nerveuse que lui. Nous ouvions entendre sa mute lui répondre plus loin. Elle devait être dans les arbres situés à environ 200 mètres derrière lui. Pour sa part, il n’était pas plus qu’à 400 mètres de nous. Pierre était tout excité. Il a filmé la scène. Moi, je ne voulais pas trop m’attarder. Il se rapprochait beaucoup trop de nous. Nous étions dans une partie peu profonde et pas très large. Jasmine jappait à pleins poumons, mais le loup n’avaient pas peur du tout. Peut-être était-il malade.
Vers 18:00, c’est une autre surprise que nous avons eu. De la visite! Derek est venue nous voir. Cela lui a pris 2 heures depuis Fort Chipewyan en bateau pour nous rejoindre. Nous avons soupé avec lui avant qu’il ne reparte en direction opposée. Il est surement arrivé à la noirceur à la maison. Quelle belle surprise ce fût!! En plus, Derek nous a apporté de l’eau.
Le lendemain, c’est un ours que nous avons vu traverser la rivière. Puis, Jasmine trop excité par sa présence est tombée dans l’eau. Elle est revenue par elle même au canot. Une fois de nouveau sur le pont et après avoir tout mouillée en se secouant (y compris nous), elle nous a regardé et a branlé la queue. Elle savait qu’elle avait poussé sa “luck”. Malcommode!
Les paysages ont changés au fur et à mesure que nous avons progressé. Nous avons vu des falaises de calcaire, puis de sable. Nous avons vu des strates de différentes couleurs dans les parois surplombant la rivière (glaise, boue, sable en alternance et même une couleure rouille). Les maringouins et les mouches noires ont été en abondance au tout début, malgré le froid qui s’est progressivement installé. Il y avait beaucoup d’érosion par endroit nous forçant à quitter le bord de la rivière et avancer dans le plus fort du courant pour contourner les arbres morts et échoués dans l’eau. Les bernaches étaient nombreuses et jacassaient toutes les nuits. Nous avons remarqué aussi que les feuilles des arbres avaient commencé à changer de couleur. C’était le signe que l’automne arrivait. Tous les matins, la tente était recouverte d’un épais tapis de rosée. La tente était lourde du poids des millions de gouttelettes. Lorsque nous étions toutefois graciés des rayons du soleil, les particules d’eau resplendissaient de milles éclats et offraient un beau spectacle.
Puis, les rapides Boyer. Rien d’immense mis à part que la rivière fait 2 km de large à cet endroit. Nous avons dû faire de la cordelette en raison du fort courant et du manque d’eau. Plusieurs barrières de roches traversent la rivière sur au moins le tier de sa largeur. De plus, en raison du manque de visibilité dans l’eau et le manque de signes apparents à la surface de l’eau, souvent nos pagaies ont frappées le fond rocheux. Nous étions contents lorsque nous avons finalement terminé cette section et que le lit de la rivière est redevenu en sable. Ce jour là, nous avons vu des centaines de nids d’hirondelles ancrés aux parois des falaises environnantes en plus de voir un faucon. Après les rapides, nous avons trouvé une île où il y avait du sable et beaucoup de bois entassés. Nous avons monté notre campement en prévision de la pluie. Grâce à toutes les ressources disponibles sur l’île, nous avons créé un campement très confortable.
Le lendemain 27 août, nous sommes restés sur place en raison de la forte pluie. Nous n’étions pas malheureux des conditions, car elles nous ont permis de récolter 40 litres d’eau fraîche (eau dont nous avions besoin). Ce jour là, nous avons eu aussi de fort vent. En après-midi, le sable est redevenu sec et c’est une tempête de sable qui a agrémenté le restant de la journée. Le sable s’infiltrait partout et collait sur toutes les pièces d’équipement malgré toutes nos bonnes précautions. Ce n’est qu’une fois les fermetures éclaires fermées sur la tente que nous pouvions enfin nous dépoussiérer. C’est aussi ce jour là que nous avons mis nos tuques pour la première fois. Nous avions eu droit à des 25C durant les derniers jours.
Le 28 août fût glacial. Il a venté fort et la rivière était enragée. Nous avons vu aussi des pélicans (cela faisait très longtemps que nous en avions vu).
Les jours suivants, nous avons dû penser au niveau de l’eau. En l’espace de 12 heures le 29 août, nous avons remarqué que le niveau d’eau avait augmenté de 12 pouces. Mais que ce passait-il?! Nos amis Jim et Lisa ont cherché à comprendre. L’augmentation était causée par les fortes pluies reçues à l’ouest et des relâche du barrage Bennett situé en amont de la rivière (à plus de 1000 km de nous). Chose certaine, le niveau d’eau augmentait définitivement et rapidement, tout comme la force du courant.
Une nuit, nous sommes arrêtés sur une pointe de boue et de sable où nous avons eu droit au plus beau concert de la nature (près de Big Slough). Il était 21:50 lorsque tout a débuté. Il faisait déjà noir. Tout était très écho sur la rivière. Deux meutes de loup chantaient d’un côté et de l’autre. Les coyotes se sont joints au groupe. Puis un ours et une famille de castors qui avaient l’air de se demander ce qu’était cette grosse chose rouge et ce long truc jaune. Nous avons (nous croyons) eu droit aussi aux gémissements des bisons. Tout cela a duré des heures. C’était formidable et d’y repenser, j’en ai encore des frissons.
Puis, en poursuivant notre chemin, nous avons aussi commencé à apercevoir des déchets sur le bord de l’eau (WD-40, barils de gas). Dommage, car nous étions encore situé dans le parc national de Wood Buffalo. En se rapprochant de Garden Creek (où est situé un village autochtone), nous avons aperçu quatre jeunes de l’autre côté de la rive. Ils ont criés pour attirer notre attention et nous leur avons répondu. Nous avons décidé de traverser la rivière pour aller leur parler. Ce n’était pas le bon endroit pour le faire. Normalement nous aurions attendu plus loin dans la courbe. Comble de malheur, les jeunes se sont sauvés avant notre arrivée. Nous avons trouvé cela très étrange. C’était la première fois que cela nous arrivait. Plusieurs km plus loin, nous sommes arrivés au village. Nous avons vu deux autres jeunes sur le bord de la rampe de mise à l’eau. Nous sommes arrêtés pour leur demandé de l’information au sujet de l’endroit où nous pourrions trouver le magasin pour acheter de la nourriture. Les jeunes avaient peine à répondre en anglais. Ils parlaient crie. Ils semblaient aussi avoir peur de nous. Malgré tout, l’un deux nous a dit que le magasin était situé près “de la pointe qui fait cling-cling”. Il parlait du clocher de l’église. Nous sommes donc repartis. Rendus face au clocher de l’église, nous sommes arrêtés. La pente était abrupte et je ne pouvais voir en haut. Pierre est parti seul faire les commissions. Il est revenu tout chamboulé. Les gens dans le magasin ne parlaient pratiquement pas anglais. Ils avaient peine à répondre. Il semblait avoir peur de Pierre. Sur les murs étaient affichés les programmes d’aide sociale de l’Alberta et le programme de réduction de sel dans les aliments. Il dit que c’est la réserve la plus misérable qu’il ait vue. Tout tombe en ruine. Il n’y a pas d’entretien des bâtiments. Chaque maison a entre 2 et 4 chiens dans la cour en plus des motoneiges, quads et véhicules. Avant de me rejoindre, il a croisé deux femmes ivres au volant de leur camion qui voulaient lui vendre une bible. Il pleuvait ce jour là. Il faisait froid et nous n’avions toujours pas vu un endroit où arrêter pour camper. Normalement nous aurions demandé la permission pour dormir sur la réserve. Mais cette fois-ci, nous avons décidé de poursuivre notre chemin. Ce n’est que plus tard que nous avons appris que dans la mythologie des personnes vivant ici, il y a de petites personnes, de petits hommes malicieux qui vivent sur une île située non loin. Nous aurions peut-être été confondus avec ces petits personnages.
Grâce à notre bâche, nous avons gardé le campement au sec durant la nuit. Incroyable de penser que cela fait plus de 500 jours que nous utilisons cette bâche (de Hilleberg). Malheureusement, ce qui était déjà mouillé n’a pas eu le temps de sécher. Il y avait de la brume au réveil, puis une fine pluie. Malgré tout, nous avons avancé et diminuer la distance nous séparant du premier gros village sur la rivière, soit Fort Vermillion. En chemin, nous avons vu 4 cygnes voler et beaucoup de traces fraîches d’animaux. Nous étions aussi officiellement sortie du parc national de Wood Buffalo. En fin de journée le 1 septembre, nous sommes arrêtés sur une lame de sable entouré de boue et de vase très glissante, collante et visqueuse. Il fallait faire attention dans nos déplacements pour ne pas perdre pieds. Puis, tout juste après avoir terminé de monter la tente, la pluie a débutée. Il ventait beaucoup trop fort pour monter la bâche cette fois avec des rafales dépassant les 50 km/h.. Nous avons donc souper dans la tente. Nous avons aussi pris le déjeuner dans le tente le lendemain matin. Nous y sommes restés jusqu’à ce qu’il y ait une accalmie durant la journée. Nous avons préparé de la banique (nous allions manquer de pain) et avons trouvé refuge à nouveau dans la tente pour une autre épisode de vent et de pluie. En après-midi, alors que Pierre sortait de la tente, il a surpris un ours noir qui était en train de traverser pour rejoindre notre île. Jasmine l’a vu et s’est mise à japper. L’ours est reparti en sens opposé. Une heure plus tard, le même scénario se répétait. Jasmine était vraiment choquée. Pas question d’avoir un intrus sur l’île. Elle sautillait de colère et jappait à nous faire mal aux tympans. Puis, un orignal s’est fait voir de l’autre côté du rivage. La vie est très très abondante sur la rivière de la Paix. Depuis notre départ de Fort Chipewyan, nous avons été grandement impressionnés par la diversité et l’abondance des animaux. Nous avions l’impression d’être dans un zoo à ciel ouvert.
Ce n’est que le dimanche 4 septembre que nous avons pu repartir de l’île. Des vents de plus de 50km/h et la pluie ont eu raison de notre volonté à poursuivre notre route. Le matin du 4 septembre, il faisait encore plus froid. Nos mains gelaient et notre peau asséchée faisait mal. Je dois dire que ce matin là nous avions hâte d’arriver à Fort Vermilion pour récupérer la boîte de vêtements chauds et de bottes d’hiver que nos amis Mireille et Dave nous ont faire parvenir. Au dîner, nous étions congelés. Nos bottes de néoprènes détrempés ne réchauffent plus nos pieds. Nous avons sautillés durant tout le repas pour nous garder au chaud. Notre avancée était difficile avec une moyenne d’à peine 3 km/h. Le courant était toujours très fort et le niveau d’eau continuait de monter.
Près de la réserve de Fox Lake, nous avons vu deux bateaux plateforme utilisés comme traversiers pour rejoindre l’autre rive et la réserve de John D’Or. Nous avons vu plusieurs lignes à pêche accrochées à des bâtons … et des déchets, tels que des gants de latex bleus. Sur tous les cours d’eau parcouru jusqu’à maintenant, c’est toujours semblable. Il est facile savoir lorsqu’on approche du village à cause des déchets. Toutefois, il y a des endroits mieux et d’autre pires. Tout cela nous rend bien triste. Mais malgré cela, nous avons rencontré des gens très sympathiques. Nous sommes arrêtés dans la rivière de Little Red River. Nous avons rencontré Chester & Trenton, natifs de la réserve de Fox Lake. Tous les deux étaient en train de pêcher. Chester nous a donné une foule d’information. Il est enseignant de crie à l’école. Son point de vue sur l’éducation des jeunes est vraiment intéressant. Trenton lui est pompier. Et il a pris une belle prise durant nos discussions. Un doré de plus de 7 livres. Nous avons discuté avec eux jusqu’à 22:30. Il ne faisait que 2C lorsque nous sommes entrés dans la tente et la rosée étaient déjà tombée.
La journée du 5 septembre fût une grosse journée. Nous nous sommes rendus aux chutes Vermilion. Mais avant de quitter Little Red River, nous avons rencontré David et John, deux jeunes enseignants ontariens. Ils adorent vivre ici. Ils se sont bien adaptés au style de vie de cette région éloignée. Ils sont enthousiastes et passionnés. Ils voient aussi les efforts mis sur l’éducation et les investissements. Ils sont positifs à l’effet que l’avenir des jeunes passent pas l’enseignement. 30 millions auraient été investis à l’école de Fox Lake et selon eux, ils voient déjà des effets positifs. John nous a aussi donné un brochet qu’il a pêché durant nos discussions.
L’approche pour le portage des chutes ne fut pas facile, même difficile. Les chutes sont impressionnantes et font 2 km de large. L’endroit où nous étions supposés débarquer était inondé. Le niveau d’eau montait toujours, tout comme le débit. Jim et Lisa nous ont d’ailleurs informé ce jour là que le débit d’eau était rendu à 3300 m3/s. La normale est de 1700 m3/s. Nous avons donc dû trouver un autre endroit pour débarquer et défricher notre propre chemin. À grands coups de machette, Pierre a grimpé comme une chèvre de montagne dans la falaise abrupte. Il a coupé arbres, arbustes et rosiers pour frayer un passage d’environ 250 mètres jusqu’en haut de la falaise. Puis, il a attaché des cordes pour nous aider à se isser avec notre matériel sur notre dos dans la paroi abrupte. Nous avons mis trois heures pour réaliser le portage depuis la rivière (au bas des chutes) jusqu’en haut. Il fallait se tirer avec la corde et s’agripper aux arbres. Le plus dur fut de monter le canot. À tour de rôle nous prenions une charge et la faisions avancer un peu plus haut. Ce n’est que rendu au sommet que nous avons pu souffler un peu. Mais l’effort avait été très grand. C’est un de ces moments où il arrive qu’on aurait le goût d’arrêter et de se coucher en petite boule. Puis nous avons avancé un peu plus loin avant de trouver un endroit propice pour monter le campement. Nous avions une vue fantastique sur les chutes. Avec le soleil qui se couchait, c’était de toute beauté. Simplement par ce moment toutes les douleurs sont parties. On s’est dit que l’effort avait totalement valu le coup. C’était notre récompense pour nos efforts. Plus question de vouloir se rouler en petite boule. On doit se rappeler qu’après chaque moment difficile, il y a toujours un moment encore plus beau et grandiose qui félicite et justifie nos efforts. Nous avons été très bien récompensés ce jour là. Après avoir retiré les pics de rosiers dans nos mains, nous avons mangé le poisson de John et avons passé du temps autour d’un feu réconfortant.
Le lendemain, 4 perdrix sont venues nous visiter. Nous avons fait un portage facile de 5km en grande partie sur la route de glace (qui est en gravelle). La mise à l’eau fût facile aussi en amont des rapides Vermilion. L’eau était marbrée et légèrement plus foncée. Nous avons avancé sous un soleil radieux. Au soleil, nous étions bien. Nous avons bien progressé et nous étions encouragés. Nous avons croisés beaucoup de débris sur l’eau (signe que le niveau de la rivière montait toujours). Le bord de la rivière était différent et nous avons eu de la difficulté à trouver un emplacement pour camper. Nous avons donc opté pour un accès à la route de glace située sur la rivière Wabasca. L’endroit était parfait. De plus, l’eau était claire alors nous avons pu se ravitailler en eau.
Le 7 septembre fut une autre dure journée. Après avoir plié bagage sous la brume et un couvert de glace, nous avons repris nos pagaies en direction de Fort Vermilion. Le courant nous a semblé à son apogé. Il était fort. Les débris étaient nombreux. Les côtes érodées. Nous avons même vu des arbres tomber devant nous dans la rivière. Le soleil s’est installée finalement en fin d’avant-midi et nous avons malgré tout bien progressé toute la journée. Mais vers 17:00, toujours aucun endroit où arrêter. 18:00, 19:00 … même scénario. Il commençait à se faire tard. Nous avons contacté notre amie Lisa pour savoir si elle avait trouvé pour nous un endroit où rester à Fort Vermilion, car nous allions peut-être devoir pagayer une partie de la nuit et se rendre au village. Vers 20h30, il faisait nuit. On ne voyait plus rien devant et il y avait toujours beaucoup de débris dans l’eau et bien des obstacles. La situation devenait critique. Jasmine était surexcitée en raison des castors. Il a fallu la calmer, car elle sautait sur le canot et jappait. Elle a failli tombé. Puis, j’ai vu très brièvement une lumière orange au travers les herbes. Nous avons reculé et je suis allée voir sur la terre ferme si nous aurions un endroit où monter la tente. Bingo! Nous étions en face de l’aéroport. La lumière orange était celle d’un bâtiment situé en haut de la butte. Nous avons donc emprunté le petit passage pas plus large que mes épaules et avons monté notre campement assez loin du bord de l’eau. Tout était encore détrempé du matin. Nous avons soupé et sommes entré dans nos sacs de couchage vers 23:30. Nous avons fait 53 km ce jour là. Il ne restait que 4 km pour se rendre au motel. Jim nous a mentionné que le débit d’eau a dépassé les 3800 m3/s. Il a fait un comparatif entre la rivière Niagara et celle de la Paix pour s’amuser. Hé bien, c’est la rivière de la Paix qui a gagné avec le plus fort débit.
Nous avons dormi jusqu’à 8h30. Puis avons débuté notre courte journée de canot vers la rampe de mise à l’eau de Fort Vermilion. Puis, nous avons portagé jusqu’au motel nommé le Sheridan Lawrence Inn où nous avons été très bien accueillis par Verda. Notre canot, c’est Darwyn du Hydway Hardware Store et son frère Ray (propriétaire) qui se sont occupés de le garder en sécurité. Nous avons été très bien accueillis dans ce charmant petit village de moins de 1000 habitants. Fort Vermilion a été établié en 1788 et porte conjointement le titre de la plus vieille colonie en Alberta avec Fort Chipewyan. Au tout début, c’est la compagnie de la North West qui s’était installé avec Charles Boyer (expliquant ainsi les nombreux noms “Boyer” que nous avons vu sur nos cartes). Nous avons eu la chance de visiter le bâtiment original de la Old Bay House (classé comme site historique, résidence du chef facteur). Ray travaille à sa restauration et souhaite en faire un B&B. Très beau bâtiment. Le vendredi, nous avons eu droit à un tour d’avion. Ray nous a proposé de nous montrer sa belle région vu des aires. Le temps était gris et pluvieux, mais malgré tout, nous avons apprécié la beauté de la région et la grandeur des champs. Nous n’avions aucune idée de leur étendue depuis la rivière. Un immense merci à Ray et Robin pour l’occasion en or et votre très grande générosité.
Le dimanche 11 septembre nous avons repris la voie de l’eau. Nous avons eu un départ tardif et un après-midi très venteux. Mais, finalement, le niveau d’eau a recommencé à descendre. Yé!!! En chemin, nous avons vu une bernache avec une aile cassée. Ça me faisait mal pour elle de la voir ainsi. En plus, elle avait peur de nous et essayait de se sauver en utilisant son aile. :(
Nous avons dû être inventifs et travailler fort pour trouver un campement ce jour là. Nous sommes arrêtés au abord d’une pente boueuse et avons dû grimper jusqu’en haut du mur pour pouvoir monter la tente. Encore une fois, nous avons dû utiliser les cordes pour nous aider à monter tout en haut.